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Trick 'R Treat vf

Description: Le soir d'Halloween, dans une ville d'habitude paisible, ceux qui ne respectent pas les règles, les traditions le feront à leurs dépens... Certains films jouent vraiment de malchance. Prévu pour une sortie en octobre 2007, pour la fête d’Halloween, Trick ’r Treat devint sans véritable raison valable la bête noire des dirigeants de Warner Bros. qui, sans la moindre explication, ont tout bonnement et simplement annulé sa sortie, sans annoncer de date ultérieure.

Sans doute apeurés par la sortie de Saw IV à la même date, Warner a paniqué, raisonnant que les spectateurs ne se précipiteraient pas pour voir deux films d’horreur le même weekend. Saw étant une franchise hautement lucrative, remplissant les salles et vidant les tripes de ses spectateurs depuis 3 ans, Trick ’r Treat, un titre qui ne fait référence à aucun autre film (il ne s’agit ni d’un remake, ni d’une suite, ni d’une adaptation) n’avait sans doute selon eux aucune chance de rivaliser avec la quatrième aventure sanglante du tueur moraliste nommé Jigsaw. Là est tout le malheur du superbe film à sketches de Michael Dougherty (fidèle scénariste de Bryan Singer, notamment sur X-Men 2) : les pontes de la Warner ont perdu confiance en leur propre film et se sont bien vite rendus compte qu’ils ne savaient pas comment le vendre… au point que celui-ci changea de titre à plusieurs reprises.
D’abord appelé, comme le court-métrage de Dougherty (1996) dont il est inspiré « Season’s Greetings » (titre rejeté parce que cela faisait penser à un film sur Noël), il s’appela un temps « Halloween Terrors » (rejeté à cause de la ressemblance évidente avec la franchise Halloween), « Jack O’Lantern Tales », « October the 31st », puis finalement « Trick Or Treat », avant d’être ré-orthographié « Trick ’r Treat » parce qu’un autre film d’horreur (de 1986, avec Ozzy Osbourne et Gene Simmons) portait déjà le même titre…
Une autre raison possible de l’abandon du film par le studio est l’échec au box-office de Superman Returns (2006), scénarisé par Dougherty et produit, comme Trick ’r Treat par Bryan Singer.  Laissé à l’abandon comme une vieille citrouille pourrie sur les étagères poussiéreuses du studio pendant plus de 2 ans, Trick ’r Treat, après quelques apparitions couronnées de succès dans des festivals, est finalement sorti directement en DVD en octobre 2009, sans passer par la case cinéma.
Une honte ! Car avec son film à sketches réminiscent du fabuleux Creepshow, de George A. Romero, Dougherty a accompli l’exploit de réinventer le genre, mais surtout de signer le film le plus réussi et le plus amusant sur la fête d’Halloween depuis les débuts meurtriers en 1978 d’un tueur masqué nommé Michael Myers, sous la tutelle d’un certain John Carpenter… puisque n’oublions pas que même si le film de Carpenter s’intitule « Halloween », il ne parle pas réellement de l’événement, mais se contente juste d’être situé comme par hasard à la même date…
En Europe, le film ne connut également qu’une exploitation tardive en DVD. Malheureusement, en Belgique, la fête d’Halloween n’est devenue populaire que depuis quelques années seulement. Son seul équivalent était le mardi gras, aux alentours du carnaval en février. Les enfants de Wallonie sortaient en rue et allaient sonner aux portes pour demander « Al tchernée, al broquette, on p’tit boquet sum fortchette »… une expression wallonne que les distributeurs du film n’ont malheureusement pas retenue comme titre français de Trick ‘r Treat. C’est bien regrettable.
Le film fantastique à sketches, particulièrement le sous-genre horrifique est un genre casse-gueule par excellence, dont les réussites se comptent sur le doigt de la main : Creepshow bien entendu, mais aussi Les Trois Visages de la Peur (1963, de Mario Bava), Histoires Extraordinaires (1968, de Federico Fellini, Louis Malle et Roger Vadim), Trilogy of Terror (1975, de Dan Curtis), Twilight Zone : The Movie (La
Quatrième Dimension : Le Film, 1983, de Steven Spielberg, John Landis, Joe Dante et George Miller), Tales From the Darkside : The Movie (Darkside – Les Contes de la Nuit Noire, 1990, de John Harrison), Three… Extremes (Trois Extrêmes, 2004, de Takashi Miike, Park-Chan Wook et Fruit Chan) et Family Portraits : A Trilogy Of America (2004, Douglas Buck)… Une main à huit doigts, donc.
Malheureusement, le genre a engendré davantage de déceptions comme Tales From the Crypt (Histoires d’Outre-Tombe, 1972, de Freddie Francis), Cat’s Eye (1985, de Lewis Teague, d’après Stephen King), Creepshow 2 (1987, de Michael Gornick), Two Evil Eyes (Deux Yeux Maléfiques, 1990, de George A. Romero et Dario Argento), Body Bags (1993, de John Carpenter, Tobe Hooper et Larry Sulkis) et de terribles navets récents comme The Theatre Bizarre (2011), The ABCs Of Death (2012) ou encore The Profane Exhibit (2014), tous signés par de multiples réalisateurs.
Pourquoi tant de ratages au sein d’un genre si rare ? Parce que la plupart de ces anthologies horrifiques ont une tendance fâcheuse à se reposer sur un ou deux segments très forts, pour ensuite retomber dans la facilité ou dans des segments paresseux qui viennent ruiner le bon souvenir des plus réussis et ainsi faire baisser la moyenne qualitative de l’œuvre. Difficile de trouver le juste équilibre et de conserver une unité thématique forte. Certains films se contentent d’enchaîner les sketches sans réels liens thématiques ou unité visuelle, comme l’a prouvé The ABCSs of Death, dont l’argument (particulièrement stupide et opportuniste) consistait à demander à 26 réalisateurs de réaliser un sketch horrifique suivant les lettres de l’alphabet… un gimmick gratuit qui débouchait sur un film sans queue ni tête, enchaînant les sketches aux tons, thèmes et visuels complètement différents, passant de la réussite modeste à la pire série Z… Par ailleurs, il est toujours plus intéressant dans cet exercice périlleux de conserver un seul réalisateur, deux à la rigueur, quatre au maximum et si possible, le même directeur de la photographie, plutôt que de demander à 10 jeunes cinéastes qui ne se connaissent ni d’Eve ni d’Adam de collaborer sur des oeuvres en forme de patchworks.
Avec Trick ‘r Treat, Michael Dougherty a retenu les leçons des limites du film à sketches et a conçu (à lui tout seul) une joyeuse et macabre célébration de la fête d’Halloween en s’amusant à inventer cinq histoires différentes (un prologue et 4 longs sketches), se déroulant le soir et la nuit du 31 octobre, liées par la présence d’un personnage commun : Sam. Irrésistible nouvelle mascotte du cinéma horrifique, Sam est un petit garçon mystérieux, à la tête en forme de citrouille, recouverte d’un sac en toile avec des boutons à la place des yeux.
A priori inoffensif, Sam apparaît tous les 31 octobre et s’attaque violemment à tous ceux qui détestent Halloween et qui lui refusent une friandise. Impitoyable et très costaud malgré sa petite taille, Sam arrêtera cependant de vous massacrer si vous lui donnez une friandise…
Ce petit personnage malicieux est en fait dérivé de « Samhain », la fête religieuse qui célèbre le début de la saison sombre de l’année celtique et qui a donné naissance à Halloween. Malgré le fait que « Samhain » est devenu un personnage dans plusieurs films et romans, cil ne s’agit pas d’un personnage ou d’un Dieu, seulement du nom de la célébration. Comme d’autres avant lui, Michael Dougherty se réserve donc une certaine licence artistique pour créer ce drôle de petit bonhomme, particulièrement dangereux avec une sucette en main et dont la devise pourrait se résumer à cette petite ritournelle bien connue :
 “Trick or treat
Smell my feet
Give me something
Good to eat
If you don’t I won’t be sad
I’ll just make you wish you had…”
Le film s’ouvre sur un jeune couple de retour d’une fête d’Halloween. Emma (Leslie Bibb), déguisée en robot, déteste cette fête stupide et décide d’éteindre les dizaines de lanternes et d’enlever les décorations que son mari Henry (Tahmoh Penikett) a disposées dans leur jardin. Henry lui explique qu’éteindre une lanterne le soir d’Halloween porte malheur… mais Emma n’en fait qu’à sa tête. Bien évidemment, elle est attaquée par un tueur mystérieux qui la décapite, la démembre et empale sa tête sur un épouvantail, une sucette géante dans la bouche.
Dans « The Principal », nous faisons la connaissance de Mr. Wilkins, le gentil et avenant instituteur de l’école locale. Mr. Wilkins aperçoit son jeune voisin, Charlie (Brett Kelly), un petit garçon obèse et méchant (déjà vu dans Bad Santa) qui, après avoir détruit toutes les citrouilles de la rue, vole des friandises sur le porche de sa maison. Mr. Wilkins le surprend et, après lui avoir fait la leçon, lui offre une friandise très spéciale : une pomme enduite de cyanure.
Le jeune garçon s’étouffe, crache des litres de sang et de chocolat, avant de s’écrouler sur le porche. Wilkins enterre le corps du jeune garçon dans son jardin, mais est distrait par le chien de son vieux voisin, Mr. Kreeg, à qui il offre un des doigts de sa victime pour le faire taire. Wilkins est interrompu dans sa tâche par son jeune fils de 6 ans, un adorable gamin au visage innocent, qui insiste pour que son papa vienne l’aider à creuser une citrouille. Mr. Wilkins rejoint le gamin, le prend sur ses genoux, brandit son couteau…
Nous pensons qu’il va occire son fils, mais tous deux sont en fait en train de travailler avec application sur la tête décapitée du pauvre Charlie. « Tu veux bien m’aider avec les yeux ? » demande le petit garçon à son gentil papa… « The Principal » est certainement l’épisode le plus drôle du film, jouant sur le décalage entre l’allure inoffensive de l’instituteur et sa passion dévorante pour le meurtre des petits garçons. Michael Dougherty a eu l’idée de génie de confier le rôle de Mr. Wilkins à l’excellent Dylan Baker, principalement connu comme le papa pédophile du film Happiness, de Todd Solondz.
Dans « The School Bus Massacre Revisited », 5 enfants, Macy, Schrader, Sara, Chip et Rhonda, une petite fille solitaire, considérée par ses camarades de classe comme trop bizarre, se rendent dans une vieille et sinistre carrière de pierres au bord d’un ravin. Une légende urbaine raconte qu’en 1977, un bus scolaire contenant 8 enfants mentalement attardés a plongé dans le lac au fond du ravin. Leurs parents, honteux et fatigués de devoir s’occuper d’eux, avaient payé le conducteur du bus (mystérieusement disparu) pour provoquer l’accident… Macy, Schrader, Sara, Chip et Rhonda prennent l’ascenseur qui les emmène au bord du lac. Rhonda se perd dans le brouillard et est bientôt attaquée par de terrifiants morts-vivants, sortis du brouillard… en fait une plaisanterie de ses cruels petits camarades, bien décidés à flanquer la trouille de sa vie à la petite fille.

Mais les quatre farceurs deviennent bientôt les farcés quand les véritables fantômes des enfants du bus sortent du lac, les attaquent et les dévorent. Rhonda, enfermée dans la cage de l’ascenseur refuse de les aider et les laisse se faire trucider. La fillette remonte seule et intacte dans l’ascenseur, sous le regard bienveillant du petit Sam… Dans « Surprise Party », Laurie (Anna Paquin), une jeune vierge de 22 ans, timide et complexée, s’apprête à participer à une fête d’Halloween avec sa sœur aînée Danielle (Lauren Lee Smith) et leurs amies, Maria (Rochelle Aytes) et Janet (Moneca Delain), déguisées en princesses du style Disney. Dans un magasin de costumes, elles font la connaissance de jeunes garçons qui leur proposent de les accompagner, mais Laurie reste seule et se rend à la fête à pied, dans son costume de Petit Chaperon Rouge. Dans la rue, un mystérieux vampire vêtu de noir assassine une jeune femme, avant de laisser son corps ensanglanté sur un banc, ni vu ni connu, au milieu des passants déguisés qui défilent dans un cortège d’Halloween. Sur le chemin, Laurie est également attaquée par le vampire…

Entretemps, ses amies font la fête dans les bois autour d’un bûcher. Le corps du vampire tombe subitement d’un arbre et Laurie apparaît. Le « vampire » n’est autre que Mr. Wilkins, déguisé et portant de fausses dents. Sous le regard effrayé de l’instituteur psychopathe, les jeunes filles, à la pleine lune, se métamorphosent en loups-garous, enlevant leurs peaux humaines comme on retourne un gant de toilette se lancent dans une orgie sanglante alors que Marilyn Manson chante « Sweet Dreams (Are Made of This) »… Les mâles présents à la fête sont dévorés sauvagement. La virginité de Laurie signifiait en fait qu’elle n’avait encore jamais tué… une « erreur » qu’elle rectifie en se délectant du corps de l’instituteur!

Nous noterons la réussite des maquillages des loups-garous, créés par l’équipe du spécialiste Patrick Tatopoulos (Stargate, Godzilla, Underworld, etc.) et qui rappellent fortement les majestueuses et cauchemardesques créatures de The Howling (Hurlements), de Joe Dante. Dans le dernier segment, « Sam », nous faisons la connaissance du vieux Mr. Kreeg, le voisin de Wilkins, un vieillard ronchon qui déteste Halloween et vit avec son chien Spite pour seul compagnon. Kreeg s’amuse à terroriser les « trick-or-treaters » qui sonnent à sa porte en déguisant son chien en animal féroce. Kreeg est attaqué cette nuit-là dans sa maison par Sam, qui, malgré sa petite taille, le mutile violemment au terme d’une très longue partie de cache-cache. Kreeg arrache le sac qui orne la tête de son attaquant, révélé comme une espèce de tête de citrouille ayant pris forme humaine. Particulièrement vicieux, Sam en fait voir de toutes les couleurs au vieil homme… mais alors qu’il s’apprête à le poignarder avec une sucette aux extrémités très pointues, il se rend compte que son « arme » reste coincée sur une barre de chocolat dans la poche du vieil homme.

Ayant reçu sa friandise d’Halloween, Sam s’en va tout simplement, laissant Kreeg en vie… Couvert de bandages, Mr. Kreeg décide désormais d’être gentil envers les « trick-or-treaters » et ouvre la porte à 8 jeunes enfants, « déguisés » en morts-vivants… les enfants morts dans le lac en 1977 ! Mr. Kreeg n’est autre que le chauffeur du bus qui les a assassinés, avant de s’enfuir. Les enfants crient « Trick Or Treat » et alors que démarre le générique de fin, nous entendons ses cris d’agonie… Astucieux, le scénario évite tous les écueils du genre puisqu’il fait intervenir dans chaque sketch, dans des rôles secondaires et des clin d’œil comiques, les protagonistes principaux des autres segments. Le film a  beau être divisé en 5 histoires différentes, celles-ci se déroulent donc durant la même nuit, dans la même ville.

Pour les amateurs de la terrifiante fête d’Halloween, de ses symboles, ses légendes, ses festivités et ses monstres, Trick ‘r Treat est la parfaite et jubilatoire incarnation de l’esprit du 31 octobre. Mélange savamment dosé d’humour noir et d’horreur corsée (le sang coule à flot, la violence n’est pas édulcorée), Trick ‘r Treat revisite dans la bonne humeur et avec un charme exceptionnel le sous-genre de l’anthologie horrifique, un peu comme le fait en ce moment à la télévision l’excellente série créée par Ryan Murphy, American Horror Story.

Réussite visuelle impressionnante, le film de Michael Dougherty doit beaucoup à la direction artistique de Tony Wohlgemuth, qui recrée l’ambiance automnale d’Halloween avec tous ses accessoires, déguisements et autres babioles, mais surtout au directeur de la photographie Glen MacPherson, qui prend un malin plaisir à recréer des images au style rétro et nostalgique que l’on croirait sorties tout droit des pages animées des E.C. Comics, ces bandes dessinées horrifiques des années 50 ayant déjà inspiré Creepshow, LE modèle sur lequel Dougherty semble avoir pris exemple.


Saluons l’initiative courageuse de notre amie, la cinéaste belge Axelle Carolyn (Soulmate), qui vient d’annoncer pour une sortie à Halloween 2015 une nouvelle anthologie intitulée Tales of Halloween, co-réalisée par Carolyn elle-même et une poignée de talentueux artisans du fantastique : Neil Marshall, Darren Lynn Bousman, Joe Begos, Adam Gierasch, Andrew Kasch, John Skipp, Mike Mendez, Dave Parker, Ryan Schrifrin et Paul Solet… Michael Dougherty annonce quant à lui une suite prévue pour 2016, toujours produite par Bryan Singer. Espérons cette fois que Warner Bros. fera son travail correctement et ne sacrifiera pas le projet dans l’enfer des sorties vidéo…
Entre deux frissons et éclats de rire, Trick ‘r Treat sert surtout d’avertissement à ceux qui ne prennent pas Halloween au sérieux… Alors ce 31 octobre, sortez vos citrouilles, allumez vos bougies, revêtez vos costumes monstrueux et allez sonner aux portes pour réclamer vos friandises… sous peine de recevoir la visite nocturne d’un méchant petit bonhomme à qui on donnerait pourtant le Bon Dieu sans confession…

Fiche Technique:
Titre québécois: Terreur à l'Halloween
Réalisation: Michael Dougherty
Acteurs: Leslie Bibb, Brian Cox, Anna Paquin, Dylan Baker
Pays d'origine: États-Unis
Genre: Horreur
Durée: 82 minutes
Sortie: 2007

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